Le moustique en Elymaïde

Jer ne parlais pas de l'alphabet, évidemment araméen, mais bien des mots. c'est une langue qui semble un peu syncrétique. Dans la titulature, les 2 mots, malka et bari, sont araméens. Or ce sont des mots de base, alors que les emprunts linguistiques, en général, ne concernent pas le vocabulaire de base. Ces mots (fils et roi) existent dans les langues iraniennes. Il faudrait voir d'autres inscriptions pour déterminer la part de vocabulaire araméen et iranien, et voir si la grammaire et la morphologie sont plutôt araméennes ou iraniennes.

Je ne suis évidemment pas linguiste, mais des inscriptions d'époque en Elymaïde telle Tang-e Sarvak sont considérée comme du Pahlavi-Arsacide, n'ayant pu être comprises qu'en s'aidant du Pahlavi. Hélas, contrairement aux inscriptions achéménides et à certaines sassanides, je ne dispose pas de document archéo-linguistique relatif à ce type d'inscription. j'essaierai d'en savoir plus en contactant Ernie Haerinck qui a bossé sur les reliefs élyméens, qui doit certainement posseder des éléments de réponse.

elles sont vraiment sympas ces monnaies !

après quelques recherches sur ces inscriptions, j'ai pu voir qu'il existait des légendes monétaires dans un (ou des ?) alphabet(s) de type araméen sur les monnaies d'Elymaïde, de Perside et sur les monnaies parthes tardives (une ligne au milieu de légendes en grec dégénéré). Je me demande s'il s'agit dans les 3 cas du même alphabet et de la même langue.
D'après ce que j'ai pu voir, les monnaies de Perside seraient en écriture et langue araméenne, celles d'Elymaïde dans un alphabet dérivé de l'araméen mais servant à noter une langue iranienne (pahlavi-parthe, pahlavi-arsacide ou chaldéo-pahlavi selon les publications).
Ces inscriptions monétaires sont trop succintes et stéréotypées pour déterminer de quelle langue il s'agit : pour la monnaie ci-dessus, URUD MALKA BARI URUD peut aussi bien être de l'araméen que du pahlavi-parthe, d'autant que les 2 noms communs sont araméens. Quant à cet alphabet, sur les monnaies d'Elymaïde, si on admet qu'il est différent de l'alphabet araméen, on peut soit en conclure qu'il s'agit d'un alphabet modifié pour noter une langue non araméenne, le parthe (iranien), auquel cas l'inscription serait bien en parthe, soit qu'il s'agit d'une dégénérescence ou évolution locale de l'alphabet araméen, mais qui continuerait de transcrire la langue araméenne (ou son évolution locale).
Par ailleurs, je trouverais curieux que les monnaies d'Elymaïde soient en parthe (iranien) alors que les monnaies de Perside seraient en araméen. Le substrat iranien était en effet plus présent en Perside qu'en Elymaïde (comme on le verra avec les Sassanides).
Pour terminer, on peut aussi se poser la question de la langue vernaculaire parlée en Elymaïde entre les Achéménides et les Sassanides. L'Elamite, langue d'origine de la région, n'était en effet ni une langue iranienne, ni une langue sémitique. A-t-elle survécu par la suite ? Ou a-t-elle été remplacée par le parthe ou l'araméen (comme en Mésopotamie) ? Comme dans l'Antiquité, le Khuzistan se distingue du plateau iranien par sa langue (arabe).

Merci de ces observations passionantes Lysander, j'ai quand à moi posé la question par mail en des termes qui ressemblent aux tiens au pr Haerinck, concernant langues officielles/royales/usuelles en Elymaide mais aussi en perside, sous influence arsacide, luid demandant des précisions sur les inscriptions rupestres, autres sources écrites directes de cette époque. J'espère avoir une réponse rapide.

Drachme de bronze d’Orodes IV (2ème siècle CE). 2,45g pour 13,9 mm, Van’T Haaff 17.2 1-1a


Avers : grènetis simple dont il ne reste que le vague tracé sur le quadrant supérieur-droit, entourant le buste du roi barbu en représentation frontale, portant diadème (quasi effacé), cheveux en points au dessus du diadème, et en mèches horizontales de part et d’autre du visage, barbe tressée en 2 nattes

Revers : grènetis simple également très dégradé entourant le buste d’Artémis à gauche portant une tiare ornée d’une crête et un collier cervical, ancre à simple barre transversale derrière le buste.

Drachme de bronze de Phraates (2ème siècle CE). 2,73g pour 15,6 mm
Van’T Haaff 14.4 1-1a


Avers : grènetis simple entourant le buste du roi barbu en représentation frontale, portant tiare à ligne médiane ornée de croissants +/- centrés sur des points de part et d’autre, non visibles ici, et diadème. Ancre à droite.

Revers : grènetis simple entourant un diadème à deux rubans entouré de part et d’autre de croissants centrés sur un point.

merci ! ces monnaies ont en plus un côté "cartoon" vraiment très sympa !

Vous cherchez vraiment à me faire craquer ! Je résiste, je résiste...

Désidérivs a écrit:

merci ! ces monnaies ont en plus un côté "cartoon" vraiment très sympa !

je ne les avais pas considérées sous un tel angle, mais maintenant que tu le dis

alwin1 a écrit:

Vous cherchez vraiment à me faire craquer ! Je résiste, je résiste...

L'avantage des élyméennes est qu'elles sont plutôt moins chères que les autres iraniennes. Allez quoi, craque!

dynamosquito a écrit:

Allez quoi, craque!

J'ai déjà sur le feu qqs drachmes parthes de la prochaine vente CNG. Rien de sensationnel, mais pour l'instant les mises sont raisonnables. En espérant que ça dure...

Mes voeux t'accompagnent. Je n'ai pas acquis de parthe depuis un temps, mais des élyméennes, sassanides, et arabo-sassanides que je présenterais sous peu. Dès que le budget l'autorise, mes prochaines acquisitions devraient voir mon retour en pays Parthe.

Et une petite dernière élyméenne:


Drachme de bronze du Ier roi Inconnu (prince A), Van't Haaf, 19.1 1-1a 2,74g pour 14,9mm.

Avers : Grènetis simple entourant le buste regardant à gauche du roi barbu portant diadème noué à la nuque, chignon à la nuque, barbe sous forme de double rangée de points, ancre à droite, croissant centré sur un point en haut.

Revers : Grènetis simple entourant Artémis tenant l’arc d’une main et cherchant sa flèche dans son carquois dorsal . Noter l’hiératisme et le statisme d’une attitude adynamique et figée, pourtant censée représenter l’exécution d’un geste, caractéristique de l’imagerie parthe élyméenne. En revanche, outre le sujet (Artémis), le réalisme du positionnement des pieds en équerre (stabilisation de l’archer) traduit l’influence grecque pourtant peu marquée en Elymaïde.

Bien sympa le petit bronze d'Elymaïde (belle barbe) , mais je résiste toujours !

Jolie petiote ...!!!

alwin1 a écrit:

Bien sympa le petit bronze d'Elymaïde (belle barbe)

oui, elle lui confère un vrai port princier, c'est ce qu'en Angleterre on appelle un prince de gueule

dynamosquito a écrit:

alwin1 a écrit:

Bien sympa le petit bronze d'Elymaïde (belle barbe)

oui, elle lui confère un vrai port princier, c'est ce qu'en Angleterre on appelle un prince de gueule

On va se retrouver avec deux petits plaisantins sur le forum !!! (je parle de Brvtvs...)

Très beau bronze Moustique ! bravo ! Tu devrais nous préparer un article sur ces monnaies... histoire de ne pas se faire bouffer par les Romains C'est une lutte sans merci depuis plus de 2000 ans

VAE VICTIS

siècle II a écrit:

VAE VICTIS

:merlin: :merlin: :merlin:

Devant de tels arguments, je vais devoir battre en retraite

Désidérivs a écrit:

tu devrais nous préparer un article sur ces monnaies...

Question de temps, j'en manque cruellement, mais j'envisage effectivement de soumettre un papier non sur les Elyméennes, mais sur celles d'Ardeshir. A propos, bravo pour le tiens dans le N°2 de la revue.

siècle II a écrit:

VAE VICTIS

Ce qui si je ne m'abuse, est une citation gauloise s'appliquant à l'époque à Rome!

C'est un doute qui m'assaille. Est-ce que Breno parlait latin ? :merlin:

Brennos a eu tout le temps d'apprendre les rudiments, tout en pillant l'Italie joyeusement