Le moustique en Elymaïde

Le moustique en Elymaïde IV

Le relief Tang-e SarvacK II est de loin le plus complexe des 4, il se compose de 3 panneaux gravés sur 2 faces et l’angle mitoyen d’un bloc rocheux de 8,6m de haut. Les différents panneaux montrent plusieur thèmes : audience royale, investiture, offrandes à l’autel, chasse au sanglier et chasse au lion. Il comporte 7 inscriptions mêlant Araméen et Pahlavi parthe, ayant fait identifier Orodes


Le premier panneau occupe la face Nord-Ouest, il est composé de 4 scènes occupant 3 registres. Et porte 2 inscription

Le registre supérieur montre une audience royale : de droite à gauche : Hérault debout, Roi assis sur son trône, Suivent 6 personnages debout, probablement des nobles, et une personne royale puisque trônant, peut être une reine ou un prince. Le registre moyen montre au centre, 4 personnages debout effectuant un geste de tribut, et 2 petits personnages, pouvant être des enfants. A droite, un cavalier royal abat un sanglier à l’épée, et une inscription. Le registre inférieur, déporté sur la gauche, montre un héro probablement royal poignardant ou étranglant un lion et une inscription










Le second panneau occupe la partie haute de l’angle Nord du rocher, il montre une scène d’offrande du roi à un autel diadémé. Le roi porte la robe parthe ainsi que le pantalon bouffant typique. Il est coiffé d’un bonnet non diadémé. Il tient une fleur de lotus de sa main gauche, le bras gauche entourant un Barsom. Sa main droite est levé vers l’autel en un geste votif 2 inscriptions sont visibles, l’une au dessus du roi, l’autre sous l’autel.




La suite au prochain numéro …

dynamosquito a écrit:

Sachant quelle T° il y allait avoir, j'avais pris les mesures qui s'imposent: Bouteilles d'eau congelée, chemise longue et blanche, chapeau couvrant, lotion, et la marche a été longue (3h malgré un trajet court (8 à 10km), consistant en des sauts de puce d'une ombre d'arbre à l'autre... J'avais également arrêté 2 jours avant les 2 médicaments à risque que je prends habituellement, et pris du paracétamol de principe... Après, savoir ce qu'il y a au bout du chemin et avoir tellement souhaité le voir fait le reste... Pour info, je me souviendrais longtemps de la douche tout habillé que j'ai pris avec une eau délicieusement fraîche en fin de journée plus au sud, vers Mamasani: un bassi avec une source qui jaillissait au sein d'une rizière, entouré de libellules multicolores... Incroyable sensaion de paradis... Je me souvient que pendant ces 3 jours de périple, je ne me suis nourri que de Dough, sorte de boisson au yaourt fermenté, de menthe, et de pain. Du fait de la chaleur, je n'arrivais pas à ingurgiter autre chose

Au retour, miracle ! tu n'étais plus ventripotent !

Très impressionnant ! Vraiment génial de voir ça avec de "vraies" photos... et en plus on est au frais

Superbe :-) Quelle expédition. Des souvenirs à jamais j'imagine ... !
Très bien conservé, et sans dégradations volontaires, alors que ça à l'air d'être en pleine nature, inimaginable dans des lieux trop touristiques, mais j'imagine que les visiteurs se comptent sur les doigts de la main la-bas ^^?

Quel reportage dynamo ! D'excellentes photos , diagrammes et explications! Une vraie leçon d'épigraphie ! bcp.

et

Désidérivs a écrit:

Au retour, miracle ! tu n'étais plus ventripotent !

Selon Mme Moustique, je m'en suis très vite et trop bien remis

Antonivs a écrit:

Très bien conservé, et sans dégradations volontaires....mais j'imagine que les visiteurs se comptent sur les doigts de la main la-bas

Hélas, le panneau Nord-Est dont je vous posterai demain les images porte de nombreuses traces de vandalisme moderne, tags etc... De nombreux reliefs en Iran ont subi les outrages d'humains: martèlement des visages à la conquête musulmane, cailloutages pour conjurer le sort par des nomades prenant ces images pour des représentations démoniaques. Le plus affligeant est un tagging à la bombe de peinture, sur un relief Elamite à Izeh, datant de 1800 av JC... Catastrophique... A l'inverse, certains bénéficient d'un caractère sacré comme celui de Dukkan Davood (achéménide tardif) qui est assimilée à une image de David et faisant l'objet d'une vénération, bénéficie de fait de la protection des locaux . Ceci s'ajoute aux dommages sismiques... Bref, nombres de reliefs sont très abîmés. le fait qu'ils ne soient que très rarement visités contribue certainement à leur préservation, mais celà aussi les pousse dans l'indifférence des pouvoirs publics, qui ne prennent aucune mesure de conservation .

@tous: merci

Merci !

Le moustique en Elymaïde V

Le Panneau Nord-Est du relief Tang-e Sarvak II montre une scène radicalement différente des précédentes, et dont l’interprétation comme l’identification des personnages qui la composent donne lieu à des discussions passionnées et passionnantes. Il se compose de deux registres, le registre inférieur étant très fortement endommagé et portant les stigmates de vandalismes navrants.

Le registre supérieur montre une scène d’audience royale ou d’investiture dont la cmposition est spécifiquement parthe, n’ayant jamais été produite avant ni après cette dynastie.  On y découvre un roi allongé sur une couche, tenant une coupe de la main gauche, et brandissant un anneau de pouvoir de la main droite. La couche du roi est ornée de clochettes, ou de pompons tels que l’on en retrouve encore sur de nombreux tapis et tentures nomades en Iran. Les pieds de la couche sont sculptés en forme d’aigles. Derrière lui, à la droite du registre, une figure debout brandit ce qui semble être une corne d’abondance. Sur la numismatique Parthe, la corne d’abondance est habituellement liée à Tiché, mais on doit ici convenir que l’habit du porteur plaide pour une représentation masculine et donc contre une déesse. Un tel personnage est déjà connu, représenté sur le relief rupestre de Kuh-e Tina, on en a également retrouvé d’autres sur des bas reliefs palatins tel celui de Masdjed-e Suleyman.

A la gauche du registre, on distingue deux figures assises sur un autre banc. Ces dernières portent des coiffes différentes, l’une semble être une couronne en étoile radiante, l’autre semble être un casque pointu terminé par une touffe. La figure casquée porte une lance rubanée, l’autre, couronnée, porte une longue baguette se terminant dans une sphère, peut-être un sceptre. Chacun tient une coupe de la main gauche. De nombreuses hypothèses ont été formulées par les différends auteurs les ayant étudiées : Humains, ils sont alors guerriers ou vassaux. Divins, ils sont alors Mithra, Mithra-Helios, ou Artemis pour le personnage couronné, et Athéna ou Anahita pour le personnage casqué. La tenue, les pantalons et les moustaches (mais sont-ce bien des moustaches ? ) des deux figures assises plaident pour des individus masculins, qu’ils soient humains ou divins. Un casque hérissé de pointes ressemblant à la couronne étoilée que porte le personnage de gauche est décrite sur un relief de Nemrud Dagh, montrant le roi Antioche. En outre les inscriptions très incomplètes et dégradées ne semblent pas aider à l’identification des différents personnages (hormis Vorod/ Orodes) : Concernant les autres figures, elles ne mentionnent en effet aucune divinité mais un prince, ce qui renforce la thèse des vassaux. Ceci est important, car de l’identification des personnages, dépend l’interprétation de la scène… Que les personnages non royaux soient des divinités, et alors, la scène prend un caractère religieux ou au moins spirituel, et peut présenter une investiture royale si l’on considère l’anneau. Que ces personnages soient des nobles, et alors la scène devient une audience ou un hommage. Quelle qu’elle soit, la volonté de représenter le roi ainsi couché et portant une coupe dénote un désir de communiquer un sentiment de plaisir de détente, et de sérénité contrastant avec l’imagerie martiale de nombreux autres reliefs.

Le registre inférieur est plus simple : 3 personnages debout quasi effacés sont visibles, peut-être des gardes ou des nobles spectateurs de la scène au dessus. Un cadre rectangulaire est laissé vierge, au dessus duquel on distingue les restes d’une inscription. Etait-il destiné à recevoir une autre sculpture?












La suite (et la fin) bientôt…

Le voyage reste très intéressant, malgré ces dépradations .

Le moustique en Elymaïde VI

Le relief Tang-e Sarvak III ne comporte qu’un seul panneau, mesurant 2,2 sur 2,85m. Il montre une scène de guerre, amputée par la chute d’un pan du rocher probablement lors d’un tremblement de terre. Ce relief est le premièr en Iran à montrer une charge équestre, thème qui sera par la suite repris par les Sassanides (Ardechir Ier, Hormizd II, Bahram II). Le relief est très érodé, sa facture reste très plate, peu marquée en profondeur comme l’ensemble des reliefs parthes. En revanche, il n’est pas statique, mais dynamique, porteur d’un mouvement vers l’avant (de gauche à droite). Aucune perspective n’est visible, les différences de tailles entre les personnages semblent soit liées à leur différences de statut, soit sont adaptées à la surface restante du plan.  On distingue en partant de la gauche, un archer puis un lanceur de pierre (armé d’une épée et foulant une hache) au dessus du corps d’un ennemi, puis un cavalier royal renversant un ennemi à cheval à coup de lance. Le cheval est revêtu d’une armure, préfigurant l’armement du cataphractaire. L’ennemi et son cheval ont quasiment disparu du fait de l’effondrement partiel du rocher, ne laissant plus paraître que certains de leur membres.








Le dernier relief, Tang-e Sarvak IV, comporte 2 panneaux sur ses faces Nord et Est. Le panneau Nord met en scène Deux personnages debout, tandis que le panneau Est montre un personnage alité, portant une coupe d’une main. Si le relief est plus marqué en profondeur que les précédents, il est très dégradé, ne laissant persister aucun détail visible. Il est difficile d’affirmer que les deux panneaux sont liés, mais si tel est le cas, les deux personnages debout sont soit des gardes, soit des nobles à qui le roi étendu donne audience.





C’est donc ici que la visite se termine… Pour en savoir plus :

Sur internet :

• http://fr.wikipedia.org/wiki/Art_du_relief_rupestre_dans_l'antiquit%C3%A9_iranienne (un article que j’ai écrit sur wiki il y a longtemps, mais qui incomplet, requiert que j’en corrige certaines inexactitudes et le complète)
  

• http://www.iranicaonline.org/articles/tang-e-sarvak-1 Tang-e Sarvak sur Encyclopaedia Iranica, d’où j’ai pris les schémas. Très bonne synthèse par Ernie Haerinck à qui je dois de m’avoir indiqué la position précise et d’excellents conseils pour visiter Tang-e Sarvak et bien d’autres reliefs…
  

En librairie :

• Louis Vanden Berghe : Reliefs  rupestres de l’Iran ancien, Musée royaux d’art et d’histoire, Bruxelles, 1984, 208pp.…
  

• Louis Vanden Berghe and Klaus Schippmann, Les reliefs rupestres d’Elymaïde (Iran) de l’époque parthe, Iranica Antiqua Supplément III, Gent, 1985…
  

• Ernie Haerinck, “Again on Tang-i Sarvak II, NE side. Goddesses Do not Have Moustaches and Do not Wear Trousers,” Iranica Antiqua 38, 2003, pp. 221-28. (j’en ai un pdf pour les ceusses qui le souhaitent)
  

pour ce reportage si complet et intéressant !

Ouaip ! et

Très instructif !

Drachme d'Orodes V en cuivre, Van't Haaf 18.1 1-1A, 15mm pour 3,38g.

Avers: buste de profil tourné à gauche du roi barbu et aux cheveux noués en chignons, portant diadème noué à la nuque, assorti d'une titulature en Pahlavi Parthe "Urud malka" (Orodes roi) au sein d'un grenetis simple.
Revers: Buste d'Artemis tourné vers la gauche, portant diadème et couronne radiée, croissant et ancre derrière la nuque de la déesse, grenetis simple.

La monnaie a sa propre histoire , ayant fait partie de la collection du Dr Charles Haas, récemment décédé, et ayant co-écrit avec Michel Prieur un ouvrage sur les représentations médicales de la numismatique grecque.

Un beau pedigree !

Bravo Moustique pour ces photos, les commentaires si intéressants et cette monnaie ! Un vrai délicieux voyage ! Génial ! Je vote pour toi, c'est sur

Donc je suis élu à 100% du (seul et unique) suffrage exprimé, ma première décision est donc l'interdiction du Fly-tox, des tapettes, et des diffuseurs à la citronelle!

Un grand bravo tardif pour ce reportage photos .

dynamosquito a écrit:

Donc je suis élu à 100% du (seul et unique) suffrage exprimé, ma première décision est donc l'interdiction du Fly-tox, des tapettes, et des diffuseurs à la citronelle!

Le Marais va être vidé de ses habitants .....!!!!

dynamosquito a écrit:

Donc je suis élu à 100% du (seul et unique) suffrage exprimé, ma première décision est donc l'interdiction du Fly-tox, des tapettes, et des diffuseurs à la citronelle!

dynamosquito a écrit:

Donc je suis élu à 100% du (seul et unique) suffrage exprimé, ma première décision est donc l'interdiction du Fly-tox, des tapettes, et des diffuseurs à la citronelle!

j'espère que tu vas pas... (oups !) je viens de me dire que celle-là elle était trop dégueu... alors je ne la dit pas, non non non, même sous la félation flagélation

Superbe .....!!!!

la titulature est en araméen plutôt qu'en pahlavi non ?

Oui et non à la fois, si cette langue est couramment considérée comme de l'Araméen (et Van't Haaf le considère), il s'agit en fait de Parthe, improprement appelé (y compris par moi) Pahlavi-Parthe ou Pahlavi Arsacide, qui est basé sur un alphabet araméen (et contenant nombre de mots araméens), mais qui est une langue iranienne et non sémitique, parente du Pahlavi (ou moyen-Persan) qui le remplacera avec l'expansion Sassanide.