Les antoniniens du règne conjoint Valérien/Gallien

Sherlock....!!!!

Haha, je savais qu'une partie de cette collection se retrouverait sur le forum.

Voici un anto que je recherchais depuis longtemps !!! Plus que sa rareté, le seul type ADVENTVS AVGG (hormis quelques rares imitations hybrides, voir AVG imitations :1) frappé sous le règne de Valérien, c’est son intérêt historique qui prévaut.

Vers le mois de mars 258 le jeune Valérien II disparaît à Viminacium très certainement victime d’un complot d’Ingenuus, Face à ces dramatiques évènements Gallien quitta Cologne avec son armée de campagne pour rejoindre la ville de Milan où se trouvait le général Aureolus, le général en chef des provinces de Pannonie et de Mésie. La bataille décisive se déroula à Mursa où les troupes d’Aureolus provoquèrent la défaite et la mort d’Ingenuus probablement tué par ses propres troupes.

Gallien profita de ces évènements pour démanteler l’atelier de Viminacium. De retour à Rome il célébra la Consecratio de Valérien II et nomma César son deuxième fils Salonin.

Peu après la famille impériale s’installa à Milan qui ouvrit un nouvel atelier monétaire avec des officines de Rome et de Viminacium. C’est à cette occasion que fut créé le type ADVENTVS AVGG « la venue de la famille impériale (à Milan) » étonnamment frappée au seul nom du jeune César, unique type milanais nous le présentant portant la cuirasse et une haste avec son fer au revers (et non un sceptre comme la plupart du temps sur ce revers à cette époque) comme pour affirmer l’efficience militaire de sa virtus, son statut de prétendant au pouvoir suprême (il prendra le titre d’Augustus à Trèves) et ainsi renforcer son prestige auprès des populations et des soldats



SAL VALERIANVS CS Buste drapé et cuirassé vu de dos de Salonin / ADVENTVS AVGG Salonin à cheval à gauche, le bras droit levé et tenant une haste de la main gauche. Milan, 1ere émission : début printemps 258   G.937bb (R5)

Quelques semaines plus tard Salonin quitta Milan pour la ville de Trèves qui venait à son tour de supplanter Cologne comme nouvelle résidence impériale, où, selon Zozime « il fut placé sous la tutelle d’un certain Silvanus en raison de son jeune âge ».

Un petit monument numismatique à lui tout seul, bravo!

Une rentrée fantastique...!!!

Superbe antoninien de Salonin César.

La transformation progressive de l’atelier colonial de Viminacium en atelier impérial a précédé sa disparition. Celle-ci n’est-elle pas habituellement datée de 257, les personnels s’installant à Trèves avec Gallien et ses troupes (style et types de revers) ? Ce mouvement aurait d’ailleurs alors contribué à la révolte provinciale en Mésie.

Le même processus ne s’est-il pas reproduit en 259 quand une partie du personnel du nouvel atelier de Milan a été fournie par l’atelier de Trèves, (style et types de revers) en raison du déplacement de Gallien cette fois vers l’Italie ?

Ceci est compatible avec une « entrée officielle-proclamation » de Salonin à Milan et sa présence dans cette cité avant un départ pour Trèves en 259. Les antoniniens de Salonin César frappés à Milan avec la légende PRINCIPI IVVENTVTIS ont aussi effectivement une connotation militaire marquée : Prince en habit militaire devant des enseignes, Prince en habit militaire avec un trophée…

Merci

 Le démantèlement de l’atelier de Viminacium est la conséquence de la disparition de Valérien II au printemps 258. Il est directement en relation avec la création de celui de Milan à l’automne 258 qui fonctionna avec des ouvriers de Cologne (avant son transfert à Trèves) avec la venue de Gallien avec sa famille et de Viminacium après le rapatriement des officines.

 Contrairement à Valérien II, Salonin fût associé à ses parents dans l’intitulé des constitutions impériales., disposition qui renforçait le prestige du jeune prince. Et en effet les revers à la tonalité résolument militaire du jeune César illustrent sa Virtus à une époque où son père s’apprêtait à lui confier de grandes responsabilités dans la région rhénane.

Superbe acquisition et belles explications, merci du partage

Merci pour ces éléments de contexte de l'antoninien de Salonin César.

bravo mon poto !

C'est le Doyen n° 46B : 6e ex. connu. Je peux avoir le poids 007 ?

Merci à tous  

je l'ai envoyé à J-M, 3,97grs, un bon poids pour Milan alors que l'anto était descendu à 2,90 à Rome à cette époque...idem pour le titre...preuve d'une émission exceptionnelle pour Salonin...

Intéressante acquisition et explication!

et merci pour ces intéressantes explications

Voici un nouvel antoninien inédit de Salonin à la légende erronée SALON VALERIANO CAES pour SALON VALERIANVS CAES avec au revers PIETAS AVG (instruments pontificaux).
Atelier de Trèves (automne 258)




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Le monnayage de l’atelier de Trèves, comme celui de Rome, est coutumier de ces erreurs de légende concernant les Césars Valérien II et Salonin, erreurs souvent associées à des monnaies hybrides. Le changement d’atelier de Cologne à Trèves et le passage du Césarat de Valérien II après sa disparition à celui de Salonin semblent avoir provoqué un grand désordre au niveau des officines.

Je possède ainsi dans ma collection plusieurs exemplaires d’hybrides et/ou fautées de cet atelier : VALERIANVS PF AVG (légende Valérien) avec le buste de Valérien II au revers CONSECRATIO (AVG 367b), SALONI VALERIANVS CAES pour Salonin / CONSECRATIO (AVG 367c), DIVO VALERIANVS CAES pour Valérien II / CONSECRATIO (AVG 367d), DIVO VALERIANO CAES pour Valerien II / PIETAS AVG (AVG 379b), et SALON VALERIANVS CAES pour Salonin / FELICITAS AVGG .

Dominique Hollard signale de son côté un exemplaire SALON VALERIANVS AVG au même type PIETAS AVG. Il place cet antoninien comme une première émission « réalisée dans la précipitation pour annoncer l’augustat de Salonin ».
https://www.academia.edu/5469867/_2014_SALON_VALERIANVS_AVG_PIETAS_AVG_un_antoninen_in%C3%A9dit_pour_Salonin_Auguste_260_

Le fait que c’est un unique exemplaire retrouvé et l’utilisation du revers PIETAS AVG qui n’a pas court avec son titre d’Auguste dans son monnayage me fait plutôt penser que nous avons là un nouvel exemple d’une monnaie fautée/hybride qui s’inscrit dans la cacophonie des officines qui frappaient en 258 pour les Césars. De plus on constate que la place existait en début de légende pour rajouter le titre IMPerator (place normalement utilisée sur tous les autres antoniniens du César), titre à mon avis omis par mégarde par le graveur.

Bravo pour cette nouvelle acquisition! Tu arrives encore à trouver des inédites!

septimus a écrit:

Bravo pour cette nouvelle acquisition! Tu arrives encore à trouver des inédites!

Oui Septimus j'en trouve encore, mais ce sont surtout comme je l'indique plus haut des fautées et/ou hybrides conséquence de la zizanie qui régnait dans les officines en fin de règne suite aux dangers des invasions et en conséquence du risque de rébellion de généraux avides de pouvoir en cette période trouble...

Très intéressant antoninien.

Il s’agit d’une monnaie avec une légende d’avers atypique pour Salonin. Néanmoins celle-ci pourrait avoir été correcte car le développement en VALERIANO pour un prince vivant est connu et fait sens (Valérien à Viminacium). Mais la faute d’inattention reste la cause la plus probable, par contagion avec les frappes à la légende DIVO VALERIANO (pour Valérien II).

Oui Amictus la légende de Viminacium est au datif : Imperatori Publio Licinio Valeriano Augusto  ( A l’empereur Publius Licinius Valérien Auguste).

A l'exception des monnaies de consécration le datif est peu courant dans les titulatures avers du monnayage romain (Trajan). Il célèbre ici, à travers l’expression d’une dédicace honorifique, la venue de l’empereur à Viminacium et l’installation d’un atelier impérial (noter qu’il existe également des bronzes de Viminacium au revers Provincia Dacia avec la même légende).

Mais bien évidemment ce n’est pas ici le cas de notre antoninien qui est une monnaie fautée comme on en rencontre fréquemment durant cette période. Je viens d’acquérir une autre monnaie fautée frappée à Rome au nom de Valérien et au revers de Salonin. Donc affaire à suivre…

Les éléments justifiant l’emploi du datif dans l’atelier colonial puis impérial de Viminacium (et de la province de Dacie) tant pour Emilien que pour Valérien pourraient peut-être aussi être mentionnés pour Salonin : présence d’un nouveau César, réorganisation de l’atelier de la région rhénane (Trèves/ Cologne), émission initiale avec le revers PIETAS, et en outre l’existence d’un lien entre cet atelier et Viminacium.
C’est plus la rareté de cet antoninien (un autre exemplaire dans Göbl, Hybride, n° 908, Pl. 134, d’une lecture difficile et classé sous Valérien II) qui plaide pour une légende d’avers fautive.

Amictus le Göbl 908 n’est pas hybride mais une frappe officielle de Valérien II de Cologne.

Par contre je viens d’acquérir un antoninien hybride inédit de l’atelier de Rome au nom de Valérien avec un revers de son petit fils Salonin :

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IMP VALERIANVS AVG Buste drapé et cuirassé de face de Valérien / PRINC IVVENT Salonin dt à g, tenant un globe et une haste ; à ses pieds, un prisonnier. (Rome, 9ème émission, début 260).

Cet antoninien est encore un exemple de la désorganisation des officines en fin de règne, notamment à Rome où les hybridations sont fréquentes à partir de 258 : voir pour ce type, AVG. 342, où, sur 11 exemplaires 7 sont soit fautés et/ou hybrides). Le poids de cette monnaie, 2,52grs, ainsi que sa qualité métallique, le place en toute fin de règne de Valérien, ce que confirme la légende IMP VALERIANVS AVG qui est celle de la dernière émission, début 260.

Le n° 908e de Göbl, illustré Tafel 70, n’est pas un hybride mais dans la section Hybride Tafel 132-134 de cet ouvrage il y a aussi un n° 908 qui est, lui, un hybride. La faible lisibilité de sa photographie fait hésiter pour l’avers - fortement décentré- entre DIVO VALERIANO CAES et VALERIANO CAES, par contre le revers, parfaitement lisible, est PIETAS AVG. Cet antoninien provient du trésor de Stevenage (n° 522) et sa photographie sur la planche 4 de la publication de ce trésor ne laisse planer aucun doute : il s’agit d’un DIVO VALERIANO (la première lettre de la légende d’avers est visiblement un D), donc un hybride avec PIETAS AVG au revers.

Intéressant antoninien hybride. Désorganisation des ateliers certes, mais de plus l’homonymie des Valeriani n’a pas dû être facile à gérer et contrôler (cf. celle des Tetrici).

Ah OK Amictus je pensais qu'il s'agissait du 908 officiel, en effet le 908e est bien un hybride avec la légende DIVO VALERIANO CAES... je possède le même exemplaire dans ma collection (AVG 379b)...

Deux acquisitions qui ne rentrent pas directement dans le cadre du règne de Valérien mais qui en signent la fin dramatique avec la disparition de Salonin et la prise de pouvoir de Postume (juillet-août 260) .

Sur la première on retrouve le buste de Postume encore influencé par celui de Gallien et la légende erronée POSTIMVS, avec un revers qui mettait en évidence ses victoires en Germanie et le salut des provinces (SALVS PROVINCIARVM). La seconde également frappée à l'atelier de Trèves se caractérise par la légende IMP SALON VALERIANVS AVG qui officialise la nomination du jeune prince en tant que nouvel Auguste et l'Espérance d'une continuité dynastique (SPES PVBLICA) peu de temps avant sa disparition.