Usurpateur durant la période des Trente Tyrans ...

Parallèlement à la tessère de Vienne déjà évoquée sur le forum, dont la datation est malheureusement très incertaine, présentant à l’avers le temple de Juno Moneta avec son paon sur le toit, il existe un contorniate frappé à Rome vers 350/410 avec une scène de frappe très similaire au revers, ce qui tendrait à prouver qu’elle a été représentée avec un certain réalisme.



Contorniate du B.M


Exemplaire de la BNF


Si la scène du contorniate est plus complexe, on reconnaît facilement au centre les 3 personnages de la tessère : À gauche le malleator brandissant un marteau impressionnant, en dessous le suppostor, («celui qui place (le flan) sous» le coin mobile, même étymologie que suppositoire...) assis ou à genoux. A droite celui qu’il faudrait nommer le «signator», tenant le trousseau à l’aide de pinces. Comme sur la tessère, il est représenté demi assis, portant un long vêtement et le coude droit calé sur une sorte de gros coussin.

B. Woyteck et K. Butcher à sa suite voient en effet dans le signator non pas un graveur comme on le croyait généralement, mais un des ouvriers de l’étape de frappe. Leurs arguments sont en partie tirés des dédicaces gravées sur des bases de statues, retrouvées près de l’atelier monétaire situé sous l’actuelle église San Clemente à Rome. (Maximianus en avait déjà posté le texte:
https://www.forumfw.com/t17678-l-atelier-romain-sous-la-basilique-san-clemente-coarelli )

https://docplayer.net/82908254-System-and-product-in-roman-mints-from-the-late-republic-to-the-high-principate-some-current-problems.html

Pour le reste, on ne peut qu’interpréter, le personnage debout à gauche pourrait être un deuxième malleator, prêt à venir relayer le premier.  Au geste d’autorité et au vêtement, on pourrait voir dans celui de droite l’ «optio et exactor» (surveillant principal de l’atelier) portant un bâton ou une épée sur le côté. En haut, un ouvrier de l’atelier porte un sac (de monnaies?) sur son épaule et un volumen (?) indiquant peut être son rôle de comptabilité et de contrôle des monnaies produites (un des officinatores?)
On peut aussi se demander si cette scène qui se réfère probablement à la frappe de contorniates ou de médailons serait identique pour les frappes de petits bronzes ou des monnaies de billon. Le semis de Paestum déjà posté montrait lui deux ouvriers seulement, mais peut-être dans un souci de simplification.



A bien observer, on peut imaginer que les deux types d’accidents de frappe pouvaient survenir, soit un flan vierge placé sur une monnaie non éjectée et qui présentera un incus de revers parfois à peine visible, soit deux flans introduits simultanément, donnant au final deux monnaies unifaces qui peuvent garder en partie l’empreinte du contour du flan accolé.

Follis de Diocletien

Follis de Constantin


Antoninien de Gallien

Je pense en effet qu'il y avait une grosse différence entre la frappe de gros médaillons, frappés à des tirages limités, demandant une force d'impact/inertie importante et une qualité moyenne élevée au vue de la destination, et les frappes classiques d'antoniniens ou aureliani faites en grand nombre, demandant beaucoup plus de cadence que d 'énergie instantanée, et avec une qualité de finition bien inférieure, comme le témoignent toutes les monnaies existantes...

Pour le fait de réussir à poser 2 flans vierges simultanément l' un sur l'autre, j'aimerai que techniquement et pratiquement, quelqu'un arrive à décomposer et expliquer cela dans le détail du process de frappe et surtout l'alimentation en flans ...??

Ben je ne sais pas quand (pourquoi pas durant le processus de préparation ou d'argenture des flans)ça arrive : http://www.notinric.lechstepniewski.info/7tri435v.html
Sinon j'ai l'impression que la représentation de la frappe monétaire sur les médaillons donne une image plus glamour que ce qu'elle devait être en réalité. On dirait quelques alanguis autour d'un apéro (hormis celui qui de tire avec la caisse).

Si on se fie à la position du marteau, il y en a d’ailleurs un qui risque d’être particulièrement alangui une fraction de seconde plus tard.
Je pense que la position de ce personnage de droite, identique sur le contorniate et la tessère, lui permettant de prendre appui sur son coude, est par contre tout à fait plausible.
Quant aux ratés du « process », dans la mesure où il concerne des hommes et non des machines, soumis à une cadence infernale, les possibilités sont nombreuses.
Par exemple, notre suppostor a pu sortir lors d’une pause syndicale (toutes les 8 heures) la galette au miel préparée par sa vieille mère, laissant tomber quelques gouttes sur les flans dont deux se sont retrouvés collés entre eux.
Ils ne sont d’ailleurs pas toujours superposés strictement, on voit alors le contour du deuxième flan imprimé.




Ce qui m’étonne plus, pour les folles en particulier, c’est que les ratés à l’avers lisse, sans effigie impériale, aient pu passer le contrôle.

Ou encore le type à force de coup de masse à 2 mains sur sa pauvre tête, finit par oublier de mettre le trousseau qui porte le coin de revers, au dessus du coin d'avers en se tournant pour croquer dans la délicieuse galette au miel de mère-grand , et la masse s'abat aussi sournoisement que désespérément sur le pauvre petit flan tout seul posé hagard, sur un coin d'avers, qui n'en attendait pas moins son coup aussi réglementaire que répétitif....

Genio popvli romani a écrit:

Ben je ne sais pas quand (pourquoi pas durant le processus de préparation ou d'argenture des flans)ça arrive : http://www.notinric.lechstepniewski.info/7tri435v.html

Dans ce cas Manu, les 2 flans sont collés avant et ils le restent après...

Un décollement des 2 flans lors de la frappe laisserait des traces d'arrachement de matière, de part et d'autre ....

Pas le miel
Concernant la frappe directe sur le flan (accident de frappe qui doit aussi exister) elle ne laisserait pas un bourrelet circulaire plus ou moins excentré comme on le voit sur certains exemplaires, plus fin sur le Postume de Zafeu, mais bien présent.

Uzes a écrit:

Pas le miel
Concernant la frappe directe sur le flan (accident de frappe qui doit aussi exister) elle ne laisserait pas un bourrelet circulaire plus ou moins excentré comme on le voit sur certains exemplaires, plus fin sur le Postume de Zafeu, mais bien présent.

Tu as raison Uzes.. Pas avec le miel de mère-grand...!!!

Mais si le coup de massette est excentré, ce qui est fort probable dans la totalité des cas où cet accident surviendrai( du fait de l'angle d'attaque différent, généré par une frappe plus basse en l'absence du coin/trousseau à la hauteur de frappe habituelle, cf.mouvement pendulaire ...) on aurait cette marque circulaire, toujours avec un petit décentrage...