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La légende du phare de MessineLes monnaies républicaines romaines des liens ci-dessous, de Jules César et Sextus Pompée, d'un atelier sicilien incertain, portent sur l'avers
le phare de Messine surmonté par la statue de Neptune tenant le trident dans la main droite (voir le post n.º 385,
La légende du trident, dans cette série), un gouvernail dans la main gauche et le pied gauche sur une proue; devant le phare, une galère navigant à gauche avec l'aigle sur un trépied à la proue, un crochet à la poupe et un sceptre sur l'aplustre, et, sur le revers, le monstre Scylla à gauche brandissant un gouvernail en guise de massue avec les deux mains.
http://www.acsearch.info/record.html?id=6800
http://www.acsearch.info/record.html?id=382606
http://www.acsearch.info/record.html?id=36215
http://www.acsearch.info/record.html?id=50097
http://www.acsearch.info/record.html?id=62215
http://www.acsearch.info/record.html?id=74697
http://www.acsearch.info/record.html?id=74921
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http://www.acsearch.info/record.html?id=176792
http://www.acsearch.info/record.html?id=176793
Faro di Messina, le
Fretum Siculum des anciens, était la dénomination attribuée à partir du Bas Moyen-Âge au bras de mer entre la Sicile et la Calabre, lequel, dans la cartographie actuelle, est indiqué comme détroit de Messine. Originellement il constituait un toponyme de contenu exclusivement géographique, de même que le mot
Pharos était le nom d'un îlot dans le cas du phare d'Alexandrie (voir le post N.º 440,
La légende du phare d'Alexandrie, dans cette série).
Le détroit fait 3 km de large au nord entre Capo Peloro et Torre Cavallo, et environ 16 km au sud entre Capo d'Ali et Punta Pèllaro en Calabre. La navigation du détroit eut une réputation terrible dans l'Antiquité

. Elle présente en fait une notoire difficulté, spécialement à cause des courants rapides et irrégulières. Les vents même y soufflent violemment et parfois conflitants entre eux. Le courant principal produit par le flux va de sud à nord avec le nom de
rema montante, et celui produit par le flux en direction contraire s'appelle
rema scendente. Elles atteignent une vitesse maximum de 9 km par heure en certaines occasions.
Les courants sont en rapport avec la position du Soleil, avec les phases de la Lune et avec les vents. Ils s'alternent normalement de 6 en 6 heures, mais plusieurs causes peuvent en changer les cours. En général, le courant atteint son maximum après 4 heures d'avoir commencé, et se réduit vers une demi heure avant que le courant opposé s'établisse. Dans cette demi heure s'ensuit la période appelée par les locaux
corrente de bilancio (courant d'équilibre). Chaque courant a ses propres
bastardi (bâtards), c'est-à-dire, des contrecourants qui se forment à ses côtés environ une heure après sa propre formation. Ceux-ci gagnent force ensemble avec les courants principaux et s'affaiblent avec eux. Ils peuvent avoir 1.000 m de largeur. Les
bastardi se développent en des endroits connus, de façon à permettre l'utilisation de bâteaux et de voiliers pour la navigation. Dans les points de rencontre des courants opposés, ou où un courant trouve une différence notable de fond, se forment des tourbillons appelés
garofali ou
refoli, dont les principaux sont celui appelé Charybde par les anciens, qui surgit avec la marée montante devant la côte du Faro, et l'autre, dû à la même marée, la Scylla des anciens, qui surgit sur la côte calabraise, dès Alta Fiumara jusqu'à Punto Pizzo (voir le post n.º 25,
La légende de Scylla, dans cette série). Quant'à Charybde, selon la mythologie c'était la fille de Poséidon et de Gaïa (voir le post n.º 425,
La légende de Gaïa (Gè, Tellus), dans cedtte série), qui vola et mangea une partie du bétail de Géryon qu'Héraclès ramenait (voir le post n.º 400,
Les douze travaux d'Héraclès (Hercule) - 10) Le troupeau de Géryon, dans cette série). Pour la punir, Zeus (Jupiter) la foudroya et l'envoya au fond du détroit, où, trois fois par jour, elle engloutissait puis recrachait la mer et tout ce qui s'y trouvait.
Ces deux célèbres gouffres dérivent du choc des eaux contre Capo Peloro et Punta Torre Cavallo. Parfois Charybde est accompagnée d'une agitation si violente de l'eau qui met en danger les petits bateaux. C'est notable aussi le gouffre qui se forme avec la marée montante devant le Faro di Messina et avec les vents de sirocco, en jours de nouvelle lune ou de pleine lune, donnant lieu à une mer agitée entre la Grotta et les eaux de S. Ranieri. Autres
garofali sont la S. Agata, Punta Grotte, Salvatore dei Greci, Punta Pezzo et Catona.
Les eaux du détroit de Messine, avec la marée montante, s'abaissent d'environ 15 ou 20 cm ; avec la marée descendante ils s'élevent d'autant. Quelquefois, additionnant les deux dénivellations, on atteint le maximum de 50 cm. On a les plus grandes dépressions en août et les plus grandes élévations en novembre, décembre et partie de février.
Le phare de Messine est un des plus antiques de l'Italie. Les monnaies ci-dessus démontrent qu'un phare éxistait déjà et était une construction importante vers la fin de la République Romaine pour braver les mythiques Scylla et Charybde, les monstres des courants. La figure sur le revers des monnaies représente Scylla. Le phare actuel, dont je n'ai pas pu découvrir si l'emplacement est le même du primitif, est officiellement désigné Faro di Punta San Ranieri, nom qui dérive du saint hermite Rainier

, qui, semble-t-il, se trouvant pendant la nuit sur la côte, devant la mer tempétueuse, alluma une lanterne pour empecher les bateaux d'être renversés par l'onde marine. On croyait que pendant la nuit il venait sur la plage allumer des feux pour guider les navigateurs.
L'histoire de Messine est liée au phare. Déjà autour de l'an 1200 une lanterne alimentée avec du feu était allumée sur cette langue de terre dénommée « lingua phari ». La tour actuelle fut construite en 1555. L'ancienne lanterne fut remplacée dans le XIXe siècle par la tourelle du nouveau phare, qui atteint 42 m de hauteur et dont la lumière fut allumée en 1857.
Voici des liens pour Scylla et Charybde :
http://mythologica.fr/grec/scylla
http://mythologica.fr/grec/charybde