Tétradrachme Alexandre

Bonjour

je partage avec vous une acquisition bien loin de mes gauloises, en espérant qu'elle est bonne !

"Alexandre III le Grand (roi de Macédoine) 336-323.
AR tétradrachme, atelier incertain d’Asie Mineure, fin du IVe - début du IIIe siècle avant notre ère.
Tête d’Alexandre-Héraclès à d. coiffée de la dépouille de lion.
ΑΛΕΞΑΝΔΡΟΥ Zeus assis à g. sur un trône. Il tient un aigle et un sceptre. A g., une massue.
17,12 g. SNG Oxford - ; Cf. Price 733 (Argos) mais le style ne correspond pas. Il se rapproche de celui d’Erythrée en Ionie où la massue est un symbole habituel mais toujours en conjonction avec un monogramme"

C'est une superbe monnaie, mais je ne peux m'empêcher de modérer ton enthousiasme...
Les drachmes et tétradrachmes d'Alexandre sont des monnaies particulièrement recherchées et le nombre de copies présentes sur le marché est hallucinant (30 pages sur la base Prokopov).

J'ai personnellement un très mauvais feeling avec cette monnaie à cause du style, de l'absence d'usure, de la patine "fraîche" et du mode de préparation du flan...

C'est toujours un cas de conscience d'annoncer ça surtout quand il n'y a pas de comparaison avec un faux référencé, mais ce ne serait pas très correct de ma part de garder tout ça pour moi... J'espère maintenant que mon impression sera partagée par les autres membres du forum.

Merci pour ton avis

j'ai refait une salve de photos

La première photo donne un mauvais feeling, mais l'aspect est meilleur sur les autres photos.

Franchement y a pas idée non plus d'acheter une monnaie aussi parfaite  

C'est vrai que de prime abord, la fraicheur de frappe, le manque de défaut et la patine (a mon avis artificielle) a l'avers interpellent...

Le style ne me choque pas, il est effectivement cohérent avec les frappes tardives d'Ionie.

Je ne vois rien de suspect sur la deuxième salve de photos si ce n'est éventuellement les nombreuses fines rayures au revers qui peuvent vouloir camoufler un flan moderne. Je possède une belle collection de faux et même sur les mieux réussis, il y a toujours quelque chose qui les trahis. Dans le cas présent je ne vois pas.  

"L'embêtant" c'est que la monnaie semble inédite (je suis d'accord qu'elle ne colle pas avec Price 733) et le risque d'un coin moderne n'est pas nul mais le graveur serait sacrément talentueux. Pour moi, au vue des photos, je pense qu'elle est authentique

Même coin d'avers :

https://www.acsearch.info/search.html?id=562202

Mêmes coins :

https://www.acsearch.info/search.html?id=562682

Vendus à un jour d'intervalle d'ailleurs.

WOW bien vu Joss.

Elles proviennent sans doute d'un même dépôt, vraiment une très belle monnaie !!

Génial merci pour les recherches

Ca me réconforte quant à son authenticité, sûrement un trésor écoulé...

Les deux monnaies au-dessus ont un pedigree qui remonte à 1978 et 1983. Je pense à un trésor découvert fin des années 1970 donc.

Magnifique tétra au style original

Bon, clairement, je change d'avis !
Je vous présente mes excuses pour avoir semé le doute... la liaison de coin plaide fortement en faveur de monnaies authentiques.

L'état de ces 3 monnaies est vraiment proche, elle n'ont pratiquement pas circulé et rejoins l'idée de Joss concernant l'hypothèse d'un trésor.

Merci pour vos recherches qui lèvent le léger doute que j'ai moi même eu en récupérant la monnaie.

Il n'y aucun mal à douter, je suis le premier à jeter le pavé dans la mare pour les fausses gauloises, souvent à raison.

Le droit présente une patine mordorée bien loin du rendu "eau de javel"... le revers quant à lui n'est pas patiné et présente des hairlines.

S'agit-il d'une patine "de médailler" ? A quoi est-elle due et comment pourrais-je espérer avoir le même rendu au revers ? J'imagine en exposant le revers dans mon médailler ? Après, pour la couleur, je pense que c'est lié aux tanins du bois par ex ? ou à la température ?

La couleur d'une patine est liée à la composition chimique de la couche de corrosion mais aussi de son épaisseur. C'est donc "physico-chimique".

Cet effet irisé est principalement causé par une très fine couche de sulfure d'argent (ainsi qu'une petite quantité de sels de cuivre). Pour une raison que j'ignore, la lumière est diffractée en arc-en-ciel si la corrosion est super fine. Si la corrosion se poursuit, l'effet disparaît. On peut obtenir cet effet sur pratiquement tous les métaux. On peut faire l'expérience en accéléré de ce qui se passe lentement naturellement en passant un métal propre au dessus d'une flamme... l'effet irisé est très facile à obtenir !

Après, on aime ou on aime pas ! De mon côté, je préfère une patine plus marquée. Ici, la monnaie a été nettoyée un peu trop fort après découverte, ce qui a d'ailleurs causé quelques griffes...

L'argent a l'avantage de se repatiner facilement au foie de soufre (à condition d'y aller progressivement avec des solutions très diluées à moins de 0,5%). Cela réduit l'effet un peut trop brillant et rend forcément les micro-rayures moins visibles, ce qui est un bonus très appréciable.

Mes reproductions de sesterces sont souvent irisée lorsqu'elles sont brutes. Je passe un coup de brosse métallique à poils fins d'acier (poils de 0,2mm). J'évite les poils de laiton car du laiton se dépose toujours sur la pièce (l'acier est plus dur et ne dépose presque rien... mais il fait un peu plus de griffes, on peut pas tout avoir !). J'obtiens une surface unie, douce et mate. A ce stade, les griffes sont très fraîches et fort visibles. La patine au foie de soufre finale satine encore plus la finition et rend les griffes invisibles ! Un coup de chiffon final avec un peu d'huile minérale ou de cire et hop, dans le médaillier !

Concernant la patine "de médaillier", terme qu'on emploie souvent en numismatique pour les monnaies d'argent, je pense que cela décrit plutôt des patines plus anciennes, qui sont les plus belles (un peu de noir dans les creux, du clair sur les reliefs, et un champ gris un peu chaud dans la teinte). C'est la patine qui met tout le monde d'accord !

Merci pour toutes ces infos Pescennius