La tradition numismatique considère que, jusqu’au milieu du IIIe siècle, les monnaies (deniers, sesterces, antoniniens, etc) des empereurs légitimes à légendes latines sont, sauf rares exceptions (notamment Antioche), frappées à Rome.
Le règne de Philippe est crucial pour reconstituer l’organisation de l’atelier monétaire romain car les antoniniens de ses dernières émissions comportent au revers des marques numérales allant de I à VI ou de A à S rendant ainsi plus évidentes l’organisation et la répartition de la production monétaire entre six entités (officines) selon un système qui semble préétabli et déjà à l’œuvre auparavant et qu’il est donc possible de tenter de reconstituer.
Pour le monnayage romain de Philippe, à rebours, et sur cette base, avec l’étude quantitative des trésors monétaires, en tablant par principe sur une production normalement équilibrée entre les officines, il est possible de répartir, au sein d’une même émission, les divers revers contemporains entre les différentes officines. Cette répartition se borne parfois à attribuer (simplement par ordre alphabétique) tel(s) revers à une officine. Dans la mesure où des indices objectifs existent (volume de production, liaisons de coins, continuité ou évolution logique des thèmes, style) il est parfois possible d’esquisser une répartition plus précise allant jusqu’à une numérotation des officines. Par exemple, schématiquement, puisque Philippe père dispose des officines 1, 2, 5 et 6, Philippe Junior de l’officine 3 et Otacilie de l’officine 4 il serait possible d’extrapoler et d’attribuer aux mêmes officines leurs antoniniens des émissions précédentes. De même, Philippe ayant frappé dans l’officine 1 un revers à légende institutionnelle (PM TR P COS PP) il serait possible d’attribuer les légendes de ce type appartenant à des émissions antérieures à cette même officine 1. Mais cela peut être estimé hypothétique.
Un cas similaire se présente avec les dernières émissions de Gallien à Antioche quand apparaissent des marques d’officine.
L’analyse des trésors (par exemple Eauze, Cunetio etc.) comporte ce genre d’études.
A partir du règne de Philippe les marques d’officines se généralisent progressivement et le nombre des ateliers monétaires augmente, posant de nouveaux problèmes d’attribution et de localisation de ceux-ci jusqu’à la réorganisation effectuée par la Tétrarchie .