Fautée de TETRICUS peu banale : incus et normal collés !

Je viens d'acheter cet antoninien chez CGB, qui le présentait comme "le plus lourd antoninien que nous ayons jamais proposé à la vente pour cette période".

En effet, il pèse 6,42 g !

En examinant attentivement la photo de leur site, je me suis rendu compte que cette monnaie est en fait constituée de 2 antoniniens collés l'un à l'autre. On voit nettement au droit, à 12h, une cassure du flan supérieur qui laisse apparaître le grènetis de l'avers du flan inférieur. C'est pour ça que je la leur ai prise.

Ainsi, le scénario serait le suivant:

1- un premier flan (celui que je qualifie d'inférieur sur la photo de l'avers) est frappé, mais reste collé sur le coin mobile (qui est le coin de revers). L'ouvrier ne le remarque pas. On voit d'ailleurs que le coin de revers comportait un arrachement profond au niveau de la tête de l'allégorie, ce qui peut expliquer que le flan ne se soit pas libéré.
2- un second flan est introduit et frappé. Ceci crée un incus de droit sur ce second flan. Les 2 flans restent collés l'un à l'autre, alors qu'une monnaie incuses se sépare de l'autre, généralement. Les 2 flans collés peuvent se libérer du coin de revers, du fait d'un poids double.

On a donc deux flans pesant en moyenne 3,31 g, ce qui est plus normal.

Avez-vous déjà vu ce type de fautée(s)?

Très intéressant.

Il existe des antoniniens de poids double, voire triple (9,65 g.- Gallien, Rome, IOVI STATORI, sans marque d'officine, avec une bordure partiellement en biais et en creux (<).

Y-a-t-il un phénomène physico-chimique, en métallurgie, intervenant lors de la frappe (intensité, chaleur) qui explique que deux flans restent agglutinés définitivement ?

Cette double couche ne peut-elle pas se produire aussi lors de la fabrication des flans avec l’ajout d’un surplus de métal (du ‘rab’ pour finir de vider un creuset par exemple, ou la volonté de produire une série lourde) ?

AMICTVS a écrit:

Très intéressant.

Il existe des antoniniens de poids double, voire triple (9,65 g.- Gallien, Rome, IOVI STATORI, sans marque d'officine, avec une bordure partiellement en biais et en creux (<)

J'ai déjà vu ça, mais c'était qualifié de "sesterce gravé avec coins d'antoninien": le surpoids venait du diamètre de flan très supérieur à celui d'un antoninien, et non d'une surépaisseur de flan.

AMICTVS a écrit:

Y-a-t-il un phénomène physico-chimique, en métallurgie, intervenant lors de la frappe (intensité, chaleur) qui explique que deux flans restent agglutinés définitivement ?

Cette double couche ne peut-elle pas se produire aussi lors de la fabrication des flans avec l’ajout d’un surplus de métal (du ‘rab’ pour finir de vider un creuset par exemple, ou la volonté de produire une série lourde) ?

Oui, il peut y avoir un phénomène tribologique de diffusion entre les 2 flans lors de la frappe, conduisant à un "collage" (en fait une micro-soudure) à leur interface.

Et non, sur cet exemplaire, il ne peut s'agir d'un flan plus lourd, car on voit quelques points du grènetis de l'un des flans à l'interface (pas sur le même plan que celui du droit):




Quand j'aurai la pièce en main, je pense que je verrai nettement la trace du plan d'interface sur la tranche.

Oui, l'observation en main va être intéressante.
Je ne crois pas trop à la diffusion à la frappe, le collage serait plutôt un verrouillage de type sertissage accidentel par replis de métal à la frappe, surtout sur la tranche, car les monnaies ne sont jamais parfaitement alignées.

On a aussi retrouvé des coins monétaires avec des monnaies encore collées au coin... donc au final, même des tensions au niveau des reliefs peuvent aussi créer une forte adhérence. Cela explique aussi les monnaies incuses, où les monnaies restent accidentellement collées au coin